La crise entre Paris et Alger franchit un seuil inédit. Mardi, Emmanuel Macron a ordonné l’expulsion de douze agents diplomatiques algériens et le rappel de l’ambassadeur français à Alger, Stéphane Romatet. Cette décision fait suite à la mesure équivalente prise par l’Algérie deux jours plus tôt, qui avait donné 48 heures à douze diplomates français pour quitter son territoire. Ce chassé-croisé d’expulsions, du jamais-vu depuis l’indépendance de l’Algérie, marque un point de rupture dans une relation déjà fragilisée7.
À l’origine de cette escalade: l’arrestation à Créteil d’un agent consulaire algérien, mis en examen dans l’affaire de l’enlèvement de l’opposant Amir Boukhors. Alger a justifié sa riposte par la « réciprocité », tandis que Paris dénonce une « dégradation brutale » des relations bilatérales et exige le respect de ses procédures judiciaires7.
Le ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, s’est montré ferme, jugeant « inadmissible que la France soit un terrain de jeu pour les services algériens ». Jean-Noël Barrot, chef de la diplomatie, a précisé que Retailleau n’était pas impliqué dans l’affaire judiciaire, tout en défendant l’indépendance de la justice française7.
Malgré l’appel de l’Élysée à reprendre le dialogue, la relation franco-algérienne entre dans une phase d’hibernation, sur fond de tensions migratoires et sécuritaires persistantes7. Les prochains jours diront si l’escalade se poursuit… ou si un revirement est encore possible.