Dans un rebondissement inattendu, Salah Abdeslam, le survivant des attentats du 13 novembre 2015 qui ont fait 130 morts à Paris, envisage une démarche de justice restaurative. Condamné à la perpétuité incompressible en 2022, il souhaite, selon son avocate Olivia Ronen, entrer en contact avec certaines victimes pour s'expliquer. Une idée qui surprend, surtout après des années de silence et de radicalisation présumée.
Olivia Ronen, l'une des défenseuses d'Abdeslam, a évoqué cette possibilité sur une radio nationale ce mardi. Elle parle d'un besoin d'apaisement social, où l'auteur d'infraction pourrait dialoguer directement avec les parties civiles. La justice restaurative, développée en France depuis une dizaine d'années, vise précisément cela : réparer les liens brisés plutôt que se limiter à la punition. Le ministère de la Justice la définit comme un processus encadré, avec médiateurs, pour que victimes et auteurs échangent sur le trauma causé.
Mais cette annonce n'est pas sans controverse. Des voix s'élèvent pour dénoncer une tentative de manipulation, soulignant que les services de renseignement considèrent toujours Abdeslam comme radicalisé. Près de dix ans après les faits, 130 familles endeuillées pourraient-elles accepter un tel face-à-face ? Olivia Ronen insiste sur les principes thérapeutiques de cette approche, qui a déjà aidé dans d'autres affaires graves, avec des taux de satisfaction victimale autour de 70 % selon des études récentes.
Ce projet reste hypothétique, dépendant de l'accord des victimes et des autorités. Reste à savoir si la justice restaurative peut panser de telles blessures collectives.