La plateforme Netflix vient de lâcher sa troisième saison de la série Monster, intitulée The Ed Gein Story, et ça fait déjà pas mal de bruit. Sortie le 3 octobre dernier, cette production signée Ryan Murphy et Ian Brennan met en scène Charlie Hunnam dans le rôle du sinistre Ed Gein, ce fermier du Wisconsin dont les crimes macabres ont inspiré des classiques du cinéma d'horreur comme Psycho d'Alfred Hitchcock. En effet, la série explore la vie tordue de Gein, obsédé par sa mère et passé maître dans l'art de profaner des tombes pour créer des objets... humains. C'est glauque, et Murphy n'y va pas par quatre chemins, fidèle à son style qui privilégie le choc viscéral.
De plus, ce qui rend cette saison particulièrement intrigante, c'est son lien avec l'univers plus large du true crime. Tom Hollander incarne Hitchcock lui-même, et on voit comment les horreurs de Gein, commises dans les années 1950, ont nourri le scénario de Psycho en 1960. Gein n'a tué que deux personnes confirmées, mais son atelier d'atrocités – masques de peau, vêtements cousus main – a hanté l'imaginaire collectif. La série ne s'arrête pas là : elle tisse des connexions inattendues. Par exemple, dans le final, un cameo subtil fait référence à Mindhunter, cette autre pépite Netflix annulée en 2019 après deux saisons. Les fans y verront un teasing pour une potentielle saison 3, où les profileurs du FBI pourraient croiser la route de Gein. C'est astucieux, mais un peu forcé, comme si Murphy voulait recoller les morceaux d'un puzzle trop vaste.
Toutefois, les critiques sont mitigées. Si Hunnam livre une performance troublante, la série penche trop vers le sensationnalisme, au détriment d'une vraie profondeur psychologique. Laurie Metcalf, en mère dominatrice, vole la vedette, mais l'ensemble reste dans le registre du divertissement gore. En effet, avec un casting incluant Olivia Williams et Joey Pollari en Anthony Perkins, c'est un hommage pop à l'horreur qui prime. De plus, la durée – huit épisodes d'une heure – permet d'alterner entre les faits réels et les spéculations hollywoodiennes sur l'inspiration de Hitchcock.
Au final, Monster : The Ed Gein Story pose une question lancinante : jusqu'où le réel peut-il nourrir la fiction sans en devenir prisonnier ? Une réflexion qui, dans notre ère de binge-watching, mérite qu'on s'y attarde.