Le 9 octobre 2025, Robert Badinter entre au Panthéon, un honneur rare qui célèbre surtout son rôle décisif dans l'abolition de la peine de mort en France. Cette cérémonie, présidée par le président de la République, met en lumière un parcours marqué par des engagements profonds, ceux d'un avocat devenu ministre, et d'un homme qui a vu la justice française changer de visage en 1981. Elisabeth Badinter, sa compagne de toujours, philosophe et figure intellectuelle, était à ses côtés dans cette croisade, même si c'est lui qui porta la voix la plus audible au Parlement ce 17 septembre fatidique.
En effet, tout commence souvent par des affaires personnelles pour Badinter. Le procès de Patrick Henry en 1977 reste emblématique. Ce jeune homme, accusé d'avoir enlevé et tué le petit Philippe Bertrand, âgé de sept ans, devint le symbole d'un débat national houleux. Badinter, en tant qu'avocat, défendit Henry avec acharnement, transformant l'audience en plaidoyer contre la peine capitale. "Si vous le coupez en deux, cela ne dissuadera personne", lança-t-il aux jurés, une phrase qui résonne encore. De plus, cette défense n'était pas anodine : elle s'inscrivait dans une lutte plus large, nourrie par l'exécution de Roger Bontems en 1972, qui avait horrifié l'avocat. Patrick Henry échappa à la guillotine, condamné à perpétuité, mais l'affaire galvanisa l'opinion, même si beaucoup, à l'époque, voyaient en Badinter un idéaliste un peu trop tendre.
Toutefois, l'abolition votée en 1981, par 363 voix contre 117 à l'Assemblée, marqua un tournant. Près de 44 ans plus tard, alors que la peine de mort persiste dans 55 pays selon les derniers rapports, cette loi française inspire toujours. Elisabeth Badinter, dans ses écrits sur l'émancipation, a souvent croisé ces thèmes de justice et d'humanité, soutenant implicitement le combat de son mari. Et récemment, un docu-fiction sur le procès Henry ravive ces souvenirs, diffusé en octobre 2025, comme pour rappeler que l'histoire n'oublie pas.
De fait, cette panthéonisation arrive à un moment où les débats sur la peine capitale refont surface ailleurs dans le monde. Mais en France, l'œuvre de Badinter semble gravée dans le marbre – ou plutôt dans la pierre du Panthéon. Reste à voir si cet héritage continuera d'influencer les consciences au-delà des frontières.