Patrick Henry vu par les Badinter : l'ombre persistante de l'abolition de la peine de mort

Patrick Henry vu par les Badinter : l'ombre persistante de l'abolition de la peine de mort

En cette période de commémorations, l'affaire Patrick Henry resurgit avec force, liée à l'héritage des Badinter et à leur combat acharné contre la peine capitale. Près de 50 ans après le rapt et le meurtre du petit Philippe Bertrand en 1976, ce dossier continue de hanter les débats sur la justice. Patrick Henry, alors âgé de 23 ans, avait été condamné à perpétuité plutôt qu'à la guillotine, grâce en grande partie à la plaidoirie passionnée de Robert Badinter, avocat devenu icône de l'abolitionnisme.

En effet, ce procès à Troyes en 1977 avait transformé l'audience en un tribunal contre la mort légale elle-même. Badinter, marqué par l'exécution de Roger Bontems en 1972, y avait vu l'occasion de démontrer l'absurdité de la guillotine dans une société moderne. De plus, il avait risqué sa carrière pour défendre un accusé haï de l'opinion publique, un choix qui, toutefois, avait payé : les jurés optèrent pour la prison à vie. Cette victoire personnelle pavait la voie à la loi de 1981, adoptée sous son impulsion comme Garde des Sceaux.

Maintenant, avec la panthéonisation de Robert Badinter prévue ce 9 octobre 2025, l'actualité ravive ces souvenirs. Elisabeth Badinter, sa veuve et figure intellectuelle en son nom, participe aux hommages, soulignant comment ce combat familial a marqué la France. Elle évoque souvent, dans des entretiens récents, la douleur des victimes juxtaposée à l'horreur d'une justice qui tue. En effet, un docu-fiction diffusé début octobre retrace ces trois jours cruciaux du procès Henry, montrant Badinter au barreau comme un prophète contre la barbarie étatique.

Toutefois, l'affaire n'est pas sans controverses. Patrick Henry, libéré conditionnellement en 2010 après 35 ans de détention, a refait surface en 2016 avec un nouveau crime, rappelant les limites de la réinsertion. De plus, Elisabeth Badinter, dans ses interventions, insiste sur le fait que l'abolition n'efface pas le deuil des familles, mais empêche une vengeance institutionnelle. Ces rappels, en pleine cérémonie nationale, questionnent la mémoire collective : l'héritage de Badinter est-il intouchable, ou mérite-t-il un regard plus nuancé sur ses zones d'ombre ?

En fin de compte, cette actualité invite à se demander si, dans un monde encore marqué par des exécutions ailleurs, le plaidoyer des Badinter résonne toujours avec la même urgence.

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