Andrej Babiš remporte les législatives tchèques : un populiste de retour ?

Andrej Babiš remporte les législatives tchèques : un populiste de retour ?

Les Tchèques ont voté, et c'est l'ancien Premier ministre Andrej Babiš qui sort grand gagnant de ces élections législatives. Avec plus de 99 % des bulletins dépouillés, son parti ANO frôle les 35 % des voix, un score qui le place largement en tête. La coalition au pouvoir, menée par Petr Fiala, n'a recueilli que 22,9 %, un revers cuisant pour ces conservateurs pro-occidentaux. En effet, cette victoire marque un tournant, après quatre ans d'absence pour Babiš, accusé par le passé de divers scandales mais toujours populaire auprès d'un électorat las de l'inflation et des factures énergétiques.

Babiš, ce milliardaire autoproclamé "trumpiste", a su capitaliser sur le mécontentement général. Il promettait un État-providence généreux, des aides sociales renforcées pour les seniors, et une réduction du soutien à l'Ukraine – un sujet sensible dans un pays qui a fourni des munitions en secret via un programme financé par l'OTAN. De plus, son discours anti-bureaucratie et pro-entreprises a séduit, même si ses critiques envers les règles environnementales de l'UE ont fait grincer des dents à Bruxelles. Toutefois, former un gouvernement ne sera pas simple : ANO n'a pas la majorité absolue, et les alliances avec les extrêmes pourraient compliquer les choses.

Les autres partis ? Les Pirates et les libéraux stagnent, tandis que des formations nationalistes comme STAČILO, qui prône une sortie de l'UE et de l'OTAN, ont gratté quelques points sans menacer le podium. Babiš, avec son passé chez les services secrets communistes et ses affaires florissantes dans l'agroalimentaire, incarne ce mélange d'ambiguïté qui divise. En effet, ses détracteurs l'accusent d'autoritarisme à la Orbán, et son retour pourrait refroidir les relations avec les alliés européens. Pourtant, pour beaucoup de Tchèques, il représente une bouffée d'air face à la crise.

Ce scrutin, tenu vendredi et samedi, reflète un Europe centrale en pleine mutation. Quelles coalitions verront le jour, et jusqu'où Babiš ira-t-il dans sa rhétorique souverainiste ? L'avenir dira si ce triomphe est le début d'une ère nouvelle, ou juste un sursaut populiste.

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