La sortie récente de la troisième saison de Monster sur Netflix replonge le public dans les abysses de l'histoire criminelle américaine. Intitulée The Ed Gein Story, cette série produite par Ryan Murphy met en scène la vie du tueur en série Ed Gein, figure notoire des années 1950 dont les crimes ont marqué l'imaginaire collectif. Charlie Hunnam incarne ce personnage troublant, un reclus du Wisconsin obsédé par sa mère, dont les actes macabres – vol de tombes et fabrication d'objets en peau humaine – ont choqué l'Amérique.
En effet, Ed Gein n'est pas un inconnu pour les amateurs d'horreur. Ses exploits ont directement inspiré Norman Bates, le protagoniste schizophrène de Psycho, le chef-d'œuvre d'Alfred Hitchcock sorti en 1960. Le réalisateur anglais, fasciné par cette affaire, a transformé l'histoire réelle en un thriller psychologique qui a redéfini le genre. De plus, Gein a servi de modèle à d'autres icônes du cinéma comme Leatherface dans The Texas Chain Saw Massacre ou encore Buffalo Bill dans Le Silence des agneaux. Hitchcock lui-même apparaît même comme un personnage dans cette nouvelle série, joué par Tom Hollander, soulignant comment les médias ont amplifié la légende du tueur.
Toutefois, cette production Netflix, diffusée depuis le 3 octobre, ne manque pas de susciter des débats. Ryan Murphy, connu pour ses séries comme Bates Motel qui explorait déjà l'univers de Norman Bates, semble une fois de plus flirter avec la limite entre fascination et exploitation. La série, avec ses huit épisodes, détaille l'isolement de Gein, sa psychose et l'impact sur la pop culture, mais certains critiques pointent un voyeurisme excessif, lingérant sur les horreurs sans réelle profondeur morale. Laurie Metcalf, en Augusta Gein, la mère dominatrice, apporte une intensité glaçante qui rappelle les racines oedipiennes de Bates.
De plus, cette saison marque un tournant : c'est la première de l'anthologie Monster sans Murphy à la création principale, bien qu'il reste impliqué. Elle explore comment Gein est devenu le premier "tueur celebrity", inaugurant l'ère du true crime en entertainment. En effet, des films comme Psycho ont immortalisé ses crimes, transformant l'horreur réelle en blockbuster.
Finalement, cette résurgence d'Ed Gein pose la question de notre appétit insatiable pour les monstres du passé, et si l'écran peut un jour les apprivoiser sans les glorifier.