Dans un geste inattendu ce vendredi matin, Sébastien Lecornu, le nouveau Premier ministre, a annoncé son renoncement à l'article 49.3 pour faire adopter le budget 2026. Une décision qui surprend, alors que l'exécutif cherchait désespérément à consolider sa position au sein d'une Assemblée nationale fragmentée. En effet, cette mesure symbolique vise à apaiser les tensions avec la gauche et l'extrême droite, mais les sceptiques pullulent déjà.
Les consultations se multiplient à Matignon depuis des jours. Hier, Lecornu a reçu Marine Le Pen, la présidente du Rassemblement national, qui s'est montrée prudente : elle "jugera sur pièces", sans promettre un soutien inconditionnel. De plus, le RN attend des concessions concrètes sur l'immigration et la sécurité. Pour Le Pen, c'est clair : sans rupture franche, pas d'alliance. Du côté des socialistes, Boris Vallaud, chef de file du PS à l'Assemblée, a exigé des "actes forts", comme une taxation des ultra-riches, sous peine de censure immédiate.
Toutefois, la formation du gouvernement patine. Plus de trois semaines après la nomination de Lecornu, la liste des ministres reste floue. Des figures comme Gérald Darmanin à l'Intérieur et Bruno Retailleau à la Justice devraient être reconduites, tandis qu'Éric Bompard et Amélie de Montchalin pourraient quitter le navire. Clémentine Autain, de La France insoumise, n'a pas mâché ses mots lors d'une récente intervention, dénonçant un "gouvernement fantôme" qui esquive les vrais enjeux sociaux. En effet, les blocages persistent, avec les Républicains encore hésitants sur leur participation.
Ce renoncement au 49.3 ouvre la porte à un débat parlementaire plus ouvert, mais risque de compliquer les arbitrages budgétaires. Lecornu table sur une déclaration de politique générale mardi prochain pour clarifier le cap. Reste à voir si ces concessions suffiront à éviter une motion de censure imminente, ou si la crise politique s'enlise davantage.
Dans ce contexte instable, la question demeure : ce pari sur la confiance parlementaire marquera-t-il un tournant, ou seulement un sursis précaire ?