Dans un discours prononcé jeudi à Sotchi, Vladimir Poutine n'a pas mâché ses mots. Il a qualifié d'"acte de piraterie" l'interception par les autorités françaises d'un pétrolier suspecté d'appartenir à la fameuse "flotte fantôme" russe. Ce navire, qui a navigué pendant des jours au large des côtes bretonnes, a été arraisonné mercredi par des forces spéciales de la Marine nationale. Deux membres d'équipage sont depuis placés en garde à vue, tandis que le bateau a finalement repris sa route ce vendredi matin.
En effet, cette opération intervient dans un contexte tendu, marqué par les récentes attaques massives de la Russie contre l'Ukraine. La nuit dernière, Moscou a lancé pas moins de 416 drones et missiles, visant principalement les infrastructures énergétiques ukrainiennes, comme les sites gaziers de Kharkiv et Poltava. Ces frappes, qualifiées par Kiev de "plus grande attaque" depuis le début du conflit, ont causé des coupures d'électricité, y compris autour de la centrale de Tchernobyl. De plus, Poutine a accusé l'Europe d'escalader le conflit, tout en niant tout lien direct avec le pétrolier en question.
Ce dernier, un vieux rafiot acquis par un proche de Poutine, Igor Setchine, fait partie d'une flotte opaque estimée à 900 navires. Selon des experts, ces bateaux vétustes, souvent non immatriculés, servent à contourner les sanctions internationales en exportant du pétrole russe. Et cela finance, paraît-il, jusqu'à 40 % de l'effort de guerre de Moscou en Ukraine. Les autorités françaises soupçonnent même ce pétrolier d'avoir servi de base pour des drones, notamment près du Danemark où des survols suspects ont été signalés récemment.
Toutefois, l'incident soulève des questions sur les limites du droit maritime en eaux internationales. Poutine, de son côté, y voit une diversion des problèmes internes français. En effet, alors que la guerre en Ukraine entre dans sa quatrième année, avec une progression russe ralentie dans le Donetsk, ces tensions en mer Noire et au large de l'Europe rappellent à quel point le conflit s'étend bien au-delà des frontières ukrainiennes. Une telle escalade diplomatique pourrait-elle compliquer davantage les négociations de paix ?
