En pleine tourmente politique, le Premier ministre Sébastien Lecornu a surpris ce vendredi matin en annonçant son renoncement à l'article 49.3 pour faire adopter le budget 2026. Une décision prise à la veille d'une journée cruciale de consultations avec les oppositions, alors que le gouvernement tarde à se former, plus de trois semaines après sa nomination à Matignon. En effet, Lecornu reçoit aujourd'hui les leaders du Rassemblement national et de la gauche, dans l'espoir d'éviter une motion de censure imminente.
Marine Le Pen, venue en premier à Matignon, a salué une mesure "plus respectueuse de la démocratie", tout en se gardant bien de promettre un soutien inconditionnel. Pour le RN, c'est la rupture promise par Lecornu qu'il faudra juger sur pièces, a-t-elle insisté, rappelant que son parti "jugera sur pièces" lors du discours de politique générale prévu en début de semaine prochaine. De son côté, le Parti socialiste, représenté par Boris Vallaud et Olivier Faure, est resté sur sa faim après une rencontre précédente. Vallaud a qualifié les pistes budgétaires de Lecornu de "très floues", sans écarter la menace de la censure si aucune inflexion n'intervient sur les retraites ou la fiscalité.
Du côté des communistes, Fabien Roussel, attendu en fin de matinée, exige des garanties : il veut s'assurer qu'il n'y aura "pas d'entourloupes" pour contourner le Parlement via d'autres procédures. Clémentine Autain, de La France insoumise, a pour sa part fustigé un gouvernement qui "n'a rien à faire là" sans mesures concrètes pour la justice sociale. Marine Tondelier, des Écologistes, a perçu un "petit début d'inflexion", mais attend des actes sur l'environnement et les inégalités. Toute cette agitation survient alors que Lecornu promet un casting ministériel resserré, avec des figures comme Bruno Retailleau et Gérald Darmanin susceptibles de rester, loin de la "rupture" tant réclamée.
En renonçant au 49.3, Lecornu mise sur un pari risqué pour relancer les débats parlementaires, mais les scepticismes persistent à gauche comme à droite. Reste à voir si cette main tendue suffira à stabiliser un exécutif encore embryonnaire, ou si la censure l'emportera dans les couloirs de l'Assemblée.