Le géant chinois de l'ultra-fast fashion Shein fait un pas audacieux en annonçant l'ouverture de ses premiers magasins permanents au monde, et c'est en France que cela se passe. Dès novembre, six boutiques verront le jour, d'abord au BHV Marais à Paris, puis dans cinq Galeries Lafayette en province. Une initiative qui vise, selon les promoteurs, à revitaliser les centres-villes historiques. Mais le projet soulève déjà une vague de critiques acerbes.
Frédéric Merlin, le patron du BHV depuis près de deux ans, assume pleinement ce partenariat qualifié de "révolutionnaire". En effet, sous l'égide de la Société des grands magasins (SGM), Shein s'installera dans des espaces dédiés au sein de ces enseignes emblématiques. Les lieux concernés en régions ? Dijon, Reims, Grenoble, Angers et Limoges. De plus, Merlin met en avant l'attractivité pour une clientèle jeune, habituée à l'e-commerce de Shein, avec ses prix ultra-compétitifs et son rythme effréné de nouveautés.
Toutefois, l'accueil n'est pas unanime. La Fédération nationale de l'habillement dénonce un "manque d’imagination" de la part du BHV et des Galeries Lafayette, accusant ces choix de saper les efforts pour une mode plus durable. La mairie de Paris, elle, exprime une levée de boucliers, craignant que cela n'entache l'image du commerce local. Même au sein du groupe Galeries Lafayette, des voix s'élèvent : les héritiers fondateurs refusent catégoriquement l'installation dans leurs propres magasins, soulignant les divergences avec les franchisés gérés par SGM.
Shein, déjà sous le feu des critiques pour son alliance récente avec Pimkie et des liens supposés avec des figures politiques comme Christophe Castaner, semble multiplier les polémiques. Geoffroy Roux de Bézieux, patron du Medef, n'a pas commenté directement, mais le débat sur l'impact économique et environnemental de l'ultra-fast fashion s'intensifie. En effet, avec des millions de produits lancés par an, Shein incarne un modèle contesté, loin des valeurs traditionnelles des grands magasins français.
Ce partenariat pourrait-il marquer un tournant pour le commerce physique en France, ou au contraire accélérer la fracture entre acteurs locaux et géants numériques ? L'avenir dira si le buzz se transforme en succès durable.